"Un café avec la sœur de Carole Fredericks
Envouté par la voix de la chanteuse Carole Fredericks depuis quelques années déjà, c’est tout une histoire qui se construit désormais autour d’elle. Cette chanteuse me marquait par le grain de sa voix, par ses intonations, ses impros, par la justesse des notes et de la rythmique. Et puis finalement c’est sur la personne elle-même que j’ai porté mon attention : quel charisme ! Jean Jacques Goldman avait trouvé là, une perle rare, et c’est bien ce qui s’est confirmé lorsqu’on constate le succès planétaire dont a été l’objet le trio ‘Fredericks Goldman Jones’… Et, comme partout, discrète mais bien présente, elle mettait en valeur avec aise les artistes pour qui elle était choriste.

Native de Springfield, Massachussetts, elle était la dernière d’une famille recomposée de 5 enfants, le bluesman Taj Mahal est d’ailleurs l’un de ses frères ! Sa jeunesse a été bercée aux sons du gospel et du blues. Une vingtaine d’années passent et c’est en Californie qu’elle décide de poser ses bagages. Elle y travaille alors comme recruteuse en chantant parallèlement dans le restaurant français « La Belle Hélène ». Et ce sont en fin de compte les conseils du gérant qui l’ont décidé à tenter sa chance à Paris, où elle débarque en 1979. Elle n’y connaissait personne, pas même la langue ! Au fur et à mesure, des rencontres se sont faites avec des gens « un peu folles », un premier album nait alors « Black Orchid ». Mais passé totalement inaperçu. Ensuite, c’est en tant que choriste pour Nicoletta, Johnny, Mireille Matthieu, Michel Berger, Souchon, Eurythmics, Feldman, Mylène Farmer, Carlos, Elton John, Eric Clapton et bien d’autres qu’elle

fait ses premiers pas sur scène. Et un jour, coup de téléphone, « allô c’est Jean Jacques Goldman », et l’histoire continue ! Comme d’habitude elle est prise comme choriste du groupe, et finalement elle avance de deux ou trois pas sur la scène pour se retrouver aux côtés de Jean Jacques et de Mickael Jones. Nait alors le fameux trio où elle complète facilement les talents et les personnalités propres de ses deux acolytes. Un tour du monde, les petits gymnases de campagne aussi bondés que les plus grands Zéniths. Carole devient désormais une icône de la chanson française. Quelques apparitions dans des films et la BO de l’Union Sacrée se concrétisent. Ensuite, ne reniant pas ses racines et cherchant de nouvelles sonorités, deux albums solos font leur apparition dans les bacs : ‘Springfield’ et ‘Couleurs et parfums’ en 1996 et 1999. On y retrouve des gospels, des duos, pas mal d’exotisme et quelques clins d’œil Goldmaniens. Parallèlement, elle continue toujours à faire des chœurs pour des groupes de tous niveaux et de tous genres musicaux. Le carnet est plein et c’est sans compter sa présence au sein des organisations caritatives comme ‘les enfoirés’ pour lesquels elle a participé à neuf tournées.
Mais en 2001, le destin a stoppé son histoire à Dakar, à la suite d’un concert, où elle décède d’une crise cardiaque, deux jours après son anniversaire. Actuellement l’exposition « Blues in Our Blood » consacrée à la chanteuse ainsi qu’à son frère Taj Mahal se déroule au Musée de Springfield.
La Black Mama colorée des enfoirés est maintenant « passed away » mais une personne proche d’elle continue son œuvre.

Son unique sœur, avec qui elle avait une complicité indéniable est là ! Connie Fredericks-Malone a choisi de consacrer sa carrière à la mémoire de Carole, assistée de son mari James et de bon nombre de professionnels passionnés !
Quelques nuits après le décès de Carole, Connie s’est réveillée en sursaut avec une sensation effroyable, celle de l’oubli… De là est alors née l’idée de monter une structure qui serait utile à l’apprentissage, à la culture et à la jeunesse, et qui permettrait de continuer à faire vivre les chansons de sa sœur (et la chanson française) aux Etats-Unis. Le résultat de cette réflexion portera désormais le nom de ‘Carole Fredericks Foundation’ (2002).
Le principe est simple, pas de quête de bénéfices, de l’huile de coude, un petit bureau à Canandaigua (état de New York) et beaucoup de passion pour monter cette structure qui valorise de manières ludique et éducative la langue française.
Voilà le secret de Connie et de son équipe pour intéresser plus de 2000 écoles, collèges, lycées et universités des Etats-Unis et du Canada. Autrement dit, une affaire qui tourne !
Concrètement, cette équipe a intégré les chansons de Fredericks Goldman Jones dans les programmes scolaires sous la forme de deux volets, « Apprendre le français grâce à l’héritage de Carole Fredericks » avec « Tant qu’elle chante, elle vit » (les clips) et « Couleurs et parfums » (les chansons) en accord avec les différentes productions (BMG / France, M6 Interaction, Sony Music /France et JRG éditions musicales). Ainsi, les formulations, les structures, les mots e

t les messages de chaque chanson sont décortiqués par le biais d’un manuel comprenant des leçons, des exercices, des cd, ou encore des vidéos. La chose est alors rendue encore plus digérable pour les réticents... un exemple clair avec les chansons ‘1, 2,3’ ou ‘Respire’… à vos réflexions lecteurs ! Non seulement utile à l’éducation, la plupart des jeunes découvrent l’histoire d’une femme, de sa famille noire américaine au destin hors du commun ou tout simplement un style de musique différent du leur…
Aujourd’hui, je me rends compte que beaucoup de gens (si ce n’est la majorité) appréciaient tant la voix de Carole Fredericks, que sa personnalité même. Elle n’a jamais eu besoin de ‘fans hystériques’ pour se faire admettre au sein du gratin artistique. C’est pourquoi je me dis que cette icône de la chanson française et sa sœur Connie méritent qu’on les salue. Finalement nous n’avons pas bu un café… mais trois !
Vous pourrez retrouver cet article ainsi que les actualités de la fondation en liens du site
http://www.maxiphotos.com/.
Maxime Authier "